lundi 1 mars 2010

Etiquette et permissivité

L’aïkido est un art martial difficile et particulièrement exigeant au niveau de l’étiquette, celle-ci étant transmise traditionnellement de maître à élève, d’ancien à plus récent (de sampai à kohai).
Tout acte, tout geste, toute attitude sont codifiés et chaque pratiquant doit connaître sa place dans le dojo.
La totalité de l’étiquette ne s’acquiert qu’au bout de plusieurs mois de pratique (période de l’imitation et du copier/coller) et cela ne signifie pas pour autant que le pratiquant en connaisse toutes les significations.
Chaque détail a sa raison d’être et ne devrait souffrir d’être remis en cause sans risquer le chaos et le dévoiement de la discipline.
En autorisant les écarts, on s’éloigne de la tradition.
En multipliant les tolérances, on devient laxiste et au bout du compte on s’éloigne de l’aïkido et des raisons qui nous amené vers lui : la découverte d’autre chose que notre quotidien, un goût pour une approche orientale, la recherche de sa propre voie, etc.

La démarche de celui qui s’inscrit dans un dojo est souvent celle d’un adhérent de club sportif. Il n’a qu’une idée très vague de la discipline et il est fréquent qu’il n’en connaisse que l’aspect physique et esthétique.
Lorsqu’il en découvre toutes les contraintes il est tenté d’y échapper en déployant d’infinies raisons.
On s’aperçoit très vite qu’il n’est pas aisé de désapprendre et de mettre aussi de côté nos approches occidentales.
Cela nécessite une capacité de se remettre en cause et un certain courage, ce qui n’est pas permis à tout le monde.

Et c’est là que se pose la question : devons-nous remplir nos dojos pour conserver les créneaux que nous a attribué la mairie ou bien devons-nous être intransigeants sur les règles de la discipline et ne conserver que les plus aptes, au risque de ne se retrouver qu’avec une poignée de pratiquants ?
Plaire au plus grand nombre et au final faire autre chose que de l’aïkido ou bien passer pour une discipline élitiste ?

Qu’on le veuille ou non il apparaît très vite qu’un compromis s’impose entre le nombre et la qualité de l’aïkido enseigné, forcément décalé avec le pratiqué.
Dès lors la grande difficulté sera d’harmoniser le groupe où tous les degrés de motivations se côtoient.
C’est aussi pourquoi, lorsque - rarement - le choix des créneaux et le nombre de pratiquants le permettent, certains dojos font des cours « différents » selon les profiles.

Aucun commentaire: